Impact du découplage transatlantique sur le financement de la Défense en Europe : vers une autonomie stratégique?

L’Europe se trouve aujourd’hui à un tournant crucial pour sa Défense. L’environnement géopolitique dans lequel elle évolue est marqué par une instabilité croissante, nourrie par la multiplication des « polycrises » : retour de la guerre interétatique sur le continent, pressions migratoires instrumentalisées, cybermenaces, dépendances énergétiques, et montée en puissance de régimes autoritaires aux frontières de l’Union Européenne. Dans ce contexte tendu, le désengagement progressif – ou perçu comme tel – des États-Unis vis-à-vis de l’OTAN et de leurs alliés européens soulève de profondes interrogations. Ce découplage transatlantique, qu’il soit doux (affaiblissement de la confiance politique) ou dur (réduction de l’interopérabilité et du soutien militaire américain), met à jour les vulnérabilités structurelles de la Défense européenne. Il confronte les Européens à un dilemme vital : renforcer leur autonomie stratégique ou risquer un vide capacitaire dangereux.

découplage transatlantique et défense européenne

Ce vide capacitaire désigne l’écart croissant entre des ambitions politiques élevées – exprimées notamment dans la Boussole stratégique de l’UE ou les discours sur « l’Europe puissance » – et les capacités militaires réellement disponibles. Il résulte de plusieurs facteurs : sous-investissement chronique dans les budgets de Défense, désindustrialisation partielle, lenteur des procédures d’acquisition de matériel militaire résultant de longues procédures administratives  , et forte dépendance technologique vis-à-vis des équipements américains. Cette situation est le fruit de plus de deux décennies de désarmement progressif, justifié à l’époque par les « dividendes de la paix » consécutifs à la chute de l’Union soviétique.

Cependant, le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche fait planer la menace d’un retrait brutal et assumé des États-Unis du théâtre européen : l’Europe ne peut désormais plus se permettre de compter exclusivement sur la garantie américaine.

Face à cette nouvelle situation géopolitique, un réarmement de l’Europe s’impose. Il ne s’agit pas seulement d’augmenter les dépenses militaires, mais de les orienter efficacement vers le développement de capacités autonomes, interopérables entre Européens, et capables de répondre à des scénarios de haute intensité sans dépendre systématiquement de Washington.

Un découplage transatlantique qui expose les vulnérabilités européennes

Les dépenses militaires des États-Unis dépassent largement celles de l’ensemble des États de l’Union européenne réunis. En 2024, le secrétariat de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) estime que les États-Unis, avec 3,38 % du PIB consacré à la Défense, représentent près de 70 % du total des dépenses des membres de l’Alliance atlantique, alliance qui comprend outre les pays de l’UE et les États-Unis des pays hors UE tels que la Turquie. 

Toutefois, il faut noter que les États européens ont considérablement accru leurs investissements dans la Défense ces dernières années. En 2024, les dépenses ont augmenté de 11,8 % en termes réels, sous l’effet combiné de la guerre en Ukraine et de la pression exercée par les États-Unis pour atteindre l’objectif otanien des 2 % du PIB dédié à la Défense. Cette dynamique s’est intensifiée début 2025, à la suite des inquiétudes croissantes sur la fiabilité des États-Unis en tant qu’allié, dans le contexte du retour de Donald Trump à la Maison Blanche. 

La présence militaire américaine en Europe reste également un point important de la posture de Défense de l’OTAN. Les États-Unis disposent de 128 000 soldats, installés dans les bases militaires sur le continent principalement en Allemagne et en Pologne, qui constituent une part importante des capacités conventionnelles de l’Alliance. À cela s’ajoute un large éventail de moyens stationnés dans les États européens, notamment des sous-marins nucléaires d’attaques, des porte-avions, des destroyers, des frégates ainsi que divers escadrons de chasseurs, de bombardiers, d’avions de surveillance et de drones. 

Au-delà de cette présence physique, de nombreuses capacités essentielles à la Défense européenne, telles que le transport aérien, le renseignement, la surveillance et la reconnaissance (ISR), la Défense antimissile et la dissuasion nucléaire, dépendent également fortement des États-Unis. Cette dépendance est d’autant plus préoccupante dans un contexte où la perspective d’un désengagement américain devient de plus en plus tangible. 

Un désengagement américain soulèverait la question du remplacement d’un financement et d’un soutien matériel colossaux. Le think tank International Institute for Strategic Studies estime le coût de remplacement à environ 1 000 milliards de dollars sur 25 ans pour l’Europe, en prenant en compte uniquement les capacités conventionnelles. Ce montant inclut la modernisation de la puissance aérienne européenne, l’acquisition des bâtiments de surfaces (corvettes, destroyers et frégates), et le coût annuel de remplacement des quelque 128 000 troupes américaines mentionnées ci-dessus. 

Cette dépendance est également illustrée par des plateformes majeures comme le F-35. Ces avions de combat, dont 150 sont détenus par des alliés non américains de l’OTAN, nécessitent une intégration constante de données et des mises à jour logicielles des États-Unis, ce qui pourrait potentiellement rendre leur utilisation difficile, voire impossible, si Washington le décidait. 

À court terme, dans un scénario de désengagement, cette situation créerait une importante « fenêtre de vulnérabilité », d’autant plus que, selon le think tank International Institute for Strategic Studies, la Russie pourrait reconstituer ses forces terrestres d’ici 2027 et poser un défi militaire substantiel.

Des lacunes cruciales existent dans des domaines que l’on peut qualifier de « tissus conjonctifs » des capacités militaires : il s’agit des fonctions transversales assurant la coordination et l’efficacité des forces, telles que le renseignement, la surveillance, la reconnaissance (ISR), et le commandement et contrôle (C2), des domaines que les États de l’UE membres de l’alliance est actuellement peu en mesure de prendre en charge de manière autonome. 

À plus long terme, l’industrie de Défense européenne sera confrontée à d’importantes difficultés pour remplacer un grand nombre de capacités américaines, notamment dans les domaines aérien et maritime, au cours de la prochaine décennie, en raison des délais de production longs et des limites actuelles de sa base industrielle. Combler ce déficit nécessitera un effort sans précédent en matière de financement, de renforcement des capacités industrielles et de formation de personnel qualifié.

Les défis du financement d’une Europe de la défense autonome

Le Fonds européen de Défense (FED) constitue aujourd’hui l’instrument phare de l’Union européenne pour soutenir la coopération industrielle et technologique en matière de Défense, avec une enveloppe de 7,3 milliards d’euros pour la période 2021-2027. Toutefois, ce montant reste marginal au regard des dépenses cumulées des États membres, estimées à 326 milliards d’euros en 2024. En y ajoutant les autres instruments comme la mobilité militaire, l’Act in Support of Ammunation Production (ASAP) ou l’European Defence Industry Reinforcement through common Procurement Act, (EDIRPA), la contribution totale du budget commun européen atteint à peine 11 à 12 milliards d’euros sur la période, ce qui demeure — selon de nombreux observateurs d’une échelle trop réduite. Cette faiblesse relative pose une question plus structurelle : au-delà du financement, l’Union européenne ne souffre-t-elle pas d’un déficit de compétences en matière de Défense, qui reste une prérogative des États membres et non de l’Union elle-même ?

Malgré le fait que le FED constitue le plus grand instrument à ce jour, il fait actuellement l’objet d’une évaluation. Des experts de l’industrie et de groupes de réflexion appellent déjà à un budget plus ambitieux et mieux ciblé dans le cadre du prochain cycle financier, dans lequel la commission propose jusqu’à 100 milliards d’euros pour la Défense. Ce débat montre que le financement actuel est loin d’être dimensionné pour soutenir un effort capacitaire majeur et véritablement autonome à l’échelle européenne. 

Parallèlement, de nouveaux instruments financiers ont émergé, comme la facilité d’emprunt baptisée Security Action for Europe (SAFE). Inspirée du modèle utilisé pour les achats groupés de vaccins durant la pandémie de Covid-19, SAFE permet à la Commission européenne de lever des fonds sur les marchés financiers pour les réinjecter dans le secteur de la Défense, sous forme de prêts à taux préférentiels accordés aux États membres. Ces financements sont conditionnés à la réalisation d’acquisitions conjointes impliquant au moins deux États, avec une exigence de contenu européen d’au moins 65 % dans les systèmes achetés – un seuil légèrement inférieur à celui du Programme européen pour l’industrie de la Défense (EDIP), qui fixe cette exigence à 70 %. En contrepartie de ce soutien public, la production des équipements doit prioritairement avoir lieu au sein de l’Union européenne.

La coexistence d’initiatives n’aide pas à la coordination européenne pour rationaliser les efforts de Défense. Le FED et le EDIP au niveau de l’UE – portées à la fois par des approches supranationales comme l’EU Defence Innovation Scheme (EUDIS) et intergouvernementales comme le Hub for EU Defence Innovation (HEDI) – ainsi que des initiatives de l’OTAN comme le Defence Innovation Accelerator for the North Atlantic (DIANA), reflètent directement ces visions divergentes en matière d’innovation dans le domaine de la Défense. Bien que la coordination soit jugée essentielle pour éviter les doublons et combler les lacunes capacitaires, les préférences nationales continuent de peser sur la dynamique de l’intégration de la Défense européenne. 

De même, les logiques nationales diffèrent. La France, portée par une ambition d’autonomie stratégique et soutenue par un écosystème industriel de Défense puissant, privilégie une approche intergouvernementale visant à renforcer la capacité de l’Europe à agir de manière indépendante. Les entreprises françaises, fortes d’un secteur autonome et tourné vers l’exportation, peuvent être réticentes à s’impliquer dans des dispositifs transatlantiques comme DIANA, par crainte pour leur propriété intellectuelle et l’influence américaine sur les décisions d’exportation. Cette position traduit la volonté de développer des capacités européennes phares, considérées comme étant « au-delà de la capacité des États membres individuels ».

À l’inverse, les pays d’Europe centrale et orientale, les pays nordiques ainsi que d’autres États membres ou candidats à l’adhésion tendent à privilégier un lien transatlantique fort, considérant l’OTAN comme le principal garant de leur sécurité. Parmi eux figurent notamment la Pologne, la République tchèque, l’Ukraine, les pays baltes, le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Norvège ou encore la Suède. Ces États sont souvent plus enclins à investir dans des instruments transatlantiques comme DIANA, qui bénéficie d’un fort ancrage régional, par exemple avec le pôle technologique de Tallinn. Leur priorité est généralement de renforcer l’OTAN tout en développant leurs propres capacités, plutôt que de viser une autonomie stratégique “pure”. Par ailleurs, les pays disposant de petites et moyennes industries de Défense cherchent à diversifier leurs partenariats. Ils soutiennent l’ouverture des instruments européens à des partenaires extérieurs, notamment les États-Unis, afin d’éviter une dépendance excessive vis-à-vis des grands acteurs industriels européens.

La question d’une divergence possible entre les États membres de l’Union européenne – en particulier entre la France et le pays d’Europe centrale et orientale – se trouve ainsi au cœur des débats actuels. Elle met en lumière des lignes de fractures politiques persistantes, fondées sur des visions concurrentes de la stratégie de Défense européenne. Tandis que la France défend une approche supranationale, plusieurs États membres privilégient une logique intergouvernementale, et les pays d’Europe centrale et orientale restent majoritairement attachés à une approche résolument transatlantique. 

À ces divergences politiques s’ajoutent des défis industriels majeurs. Parmi eux figurent les questions liées aux contrats, au financement, à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans les secteurs STEM (Science, Technology, Engineering and Mathematics), même en temps de paix, à la réglementation, ainsi qu’à la sécurité de l’approvisionnement. Selon le cabinet de conseil de gestion Kearney, une augmentation du budget de la défense à 3 % du PIB – contre 2 % actuellement – impliquerait un besoin de 760 000 nouveaux travailleurs qualifiés dans l’industrie de défense en Europe.

La BITD fait également preuve d’une réactivité en lien à l’incertitude ou au retard des investissements, ainsi qu’au temps nécessaire – de 18 à 24 mois – pour mettre en place de nouvelles capacités industrielles dans des usines clés. Selon l’Association des industries européennes de défense et de sécurité aérospatiale, qui regroupe des entreprises majeures telles que Patria, Saab et Rheinmetall, les gouvernements doivent assumer un plus grand « partage des risques » pour permettre l’expansion de la BITD. « Ce qu’il faut, c’est des investissements, des commandes fermes et une meilleure visibilité à long terme des besoins futurs », a déclaré le groupe dans un communiqué.

Les goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement, fragilisent aussi l’ensemble de l’écosystème de production. Une analyse du HCSS relève que les supply chain intermédiaires sont trop fragiles, fragmentées et opaques », avec des centaines de sous-traitants impliqués, ce qui favorise des points de rupture criques lors d’un pic de demande ou d’interruptions imprévues.

Par ailleurs, la Commission européenne a récemment alerté sur le fait qu’une interprétation trop stricte et prudente des critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance) incitait les banques et les fonds d’investissement européens à éviter le secteur de la Défense. Cette situation pourrait, à terme, renforcer la dépendance de l’Union vis-à-vis d’acteurs extérieurs. 

Scénarios et pistes pour le financement d’une Europe de la défense crédible

Dans un scénario optimiste, la menace perçue d’un désengagement américain agit comme un catalyseur. La reconnaissance, par les Européens, de prendre en main leur propre sécurité se traduit dans une volonté politique accrue d’investir massivement dans la Défense européenne. Des initiatives ambitieuses, telles que le plan « ReArm Europe » (ou « Readiness 2030) sont lancées, avec l’objectif de mobiliser jusqu’à 800 milliards d’euros. L’augmentation des dépenses de Défense est déjà en cours dans plusieurs États membres, et le soutien politique en faveur de financements à l’échelle de l’Union européenne progresse. Divers instruments financiers sont envisagés pour atteindre ces objectifs : l’ajustement des règles budgétaires nationales pour permettre une hausse des dépenses sans déclencher de procédures pour déficit excessif, le recours à des fonds hors budget, l’émission d’obligations européennes, l’obtention de prêts, l’augmentation ciblée des impôts ou la mobilisation du capital privé. Dans ce contexte, les actions de l’administration Trump ont déjà provoqué une anticipation positive des marchés, entraînant une flambée des actions des grands groupes de Défense européens sur les marchés financiers. Parallèlement, la nécessité de remplacer les capacités américaines potentiellement retirées – telles que le transport, le renseignement, la surveillance, les communications sécurisées ou la guerre électronique – incite à un effort de coordination renforcé à l’échelle européenne. 

 

À l’opposé, un scénario pessimiste verrait l’Europe confrontée à un affaiblissement marqué. Celui-ci découlerait d’un retrait significatif, voire complet, des États-Unis, combiné à l’incapacité de l’Union européenne à combler rapidement les lacunes laissées par ce désengagement. L’Europe entrerait alors dans une “fenêtre de vulnérabilité”, face à la Russie, dès la fin de la décennie. Ce scénario défavorable est caractérisé par la persistance de failles politico-industrielles qui divisent les États membres. Malgré la pression sécuritaire croissante, les divergences de visions nationales en matière de stratégie de Défense, de gouvernance (supranationale ou intergouvernementale) et de relations avec des partenaires extérieurs comme les Etats-Unis, continuent de freiner la coopération. L’existence simultanée de plusieurs instruments d’innovation – tels qu’EUDIS, HEDI, ou encore DIANA (OTAN) – illustre ces approches concurrentes et le risque de duplication des efforts. Sur le plan financier, le sous-financement structurel demeure un problème majeur. Si les budgets nationaux augmentent, ils restent insuffisants pour remplacer les capacités américaines estimées à 1000 milliards de dollars sur 25 ans. Atteindre ce niveau impliquerait des choix budgétaires radicaux, proches des niveaux de dépenses observés durant la guerre froide, avec tous les risques politiques que cela implique. 

 

Enfin, la voie médiane qui semble se dessiner repose sur une autonomie européenne dans certains secteurs critiques – tels que le cyber, le spatial ou la R&D – tout en maintenant une dépendance résiduelle vis-à-vis des États-Unis, notamment pour les capacités lourdes. Cette approche pragmatique reconnaît à la fois la nécessité de renforcer l’autonomie stratégique européenne et les réalités des contraintes industrielles budgétaires et technologiques. Il ne s’agit pas de dupliquer toutes les capacités américaines, mais de combler les lacunes les plus critiques afin de garantir à l’Europe une capacité d’action autonome si nécessaire. Les investissements prioritaires portent ainsi sur les domaines jugés essentiels pour contenir la menace russe : Défense aérienne et antimissile, frappe de précision à longue portée, systèmes d’interdiction de zone, guerre électronique, commandement et contrôle. Le développement de “capacités habilitantes” européennes est vu comme un point d’entrée pertinent. L’enjeu est donc de réduire les vulnérabilités les plus critiques sans chercher la rupture totale avec les États-Unis et l’OTAN. 

 

Atteindre un niveau de dépenses proche des standards de la Guerre froide – soit plus de 3 % du PIB – nécessiterait un effort budgétaire sans précédent. Pour financer cette montée en puissance, plusieurs leviers sont envisagés. Parmi eux, l’ajustement des règles budgétaires nationales apparaît central, afin de permettre un recours accru à l’emprunt sans déclencher les procédures de déficit excessif. Il s’agirait aussi de créer des fonds de Défense hors budget, financés par l’émission d’obligations ou l’octroi de prêts, tout en explorant des hausses ciblées de la fiscalité, notamment dans les secteurs indirectement liés à la montée en puissance militaire. Des arbitrages budgétaires seraient nécessaires, impliquant potentiellement des coupes dans certaines dépenses publiques. Par ailleurs, la mobilisation du capital privé devient cruciale, en levant les freins actuels à l’investissement dans les entreprises de Défense. Enfin, plusieurs voix plaident pour la mise en place d’un instrument de financement multilatéral inspiré des banques de développement. 

 

Dans ce contexte, la Defence, Security and Resilience Bank (DSR Bank), fondée par Rob Murray, se présente comme la première banque multilatérale de développement dédiée à la Défense. Elle ambitionne de mobiliser jusqu’à 100 milliards de livres sterling (environ 117 milliards d’euros) afin de combler le déficit d’investissement dans le secteur et lever les freins à l’engagement du secteur privé. Elle propose notamment de fournir des garanties de risque aux banques commerciales pour faciliter le financement des entreprises de Défense, souvent perçu comme contraint par les exigences de conformité (KYC, lutte contre le blanchiment, ESG). La banque entend également harmoniser les règles de passation des marchés de Défense pour réduire l’incertitude administrative. Des discussions avancées sont en cours avec le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Union européenne.

 

L’Europe se trouve à un tournant décisif : le découplage transatlantique, qu’il soit graduel ou soudain, pourra soit catalyser l’émergence d’une autonomie stratégique crédible, soit mettre en lumière un vide capacitaire que le continent peine à combler. Dans ce contexte, les efforts de réarmement – tant sur le plan industriel que financier – devront impérativement s’accompagner d’une coordination politique plus intégrée au niveau européen. L’enjeu est limpide : construire une Europe de la Défense capable d’assurer sa propre sécurité sans rester tributaire des revirements politiques de Washington tous les quatre ans. La trajectoire adoptée dans les prochaines années déterminera le rôle géopolitique que l’Europe sera en mesure de jouer sur la scène internationale.

 

Ronan Corcoran, Chargé d’Etudes Financements Européens au sein de la Commission spéciale dédiée au Financement de l’Industrie de Défense de l’INAS

L’INAS a pour mission de contribuer au débat public sur les questions stratégiques. Ses publications reflètent uniquement les opinions de leurs auteurs et ne constituent en aucune manière une position officielle de l’organisme.

Pour aller plus loin :

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  • Spatafora Giuseppe. (2025, 11 mars). Turning money into action: What next steps for European defence ? EUISS. https://www.iss.europa.eu/publications/commentary/turning-money-action-what-next-steps-european-defence

  • Garoscio, Paolo. (2025, 10 juin). Europe : les fonds du Covid bientôt utilisés pour le réarmement ? Armées. https://armees.com/europe-les-fonds-du-covid-bientot-utilises-pour-le-rearmement/

  • Möhring, Johanna. (2024, 25 septembre). EUDIS, HEDI, DIANA: What’s behing Three Defence Innovation Acronyms. IFRI. https://www.ifri.org/en/memos/eudis-hedi-diana-whats-behind-three-defense-innovation-acronyms

  • Kahn, Michael. Steitz, Christoph. Patton, Dominique. (27 mai 2025). Help wanted : Europe’s defence companies scramble for workers as business booms. Reuters. https://www.reuters.com/business/aerospace-defense/europes-defence-companies-scramble-workers-business-booms-2025-05-27/

  • Hawser, Anita. (2025, 5 mars). New defence bank launced to attract capital and fix “disastrous” European procurement. FDI Intelligence. https://www.fdiintelligence.com/content/69ed9ae8-f68c-5940-98e8-3ba059e3e6f5

  • Girardi, Benedetta. Patrahau, Irina. (2025, 27 mars). HCSS Commentary | Opaque Supply Chains may prevent ReArming Europe, HCSS. https://hcss.nl/news/opaque-supply-chains-may-prevent-rearming-europe/#:~:text=European%20military%20supply%20chains%20are,raw%20materials%20and%20system%20manufacturing.

  • Feather, Felix. Galbraith, Lizzy. (2025, 3 juin). A new dawn for European defence spending? Abderdeen Investments. https://www.aberdeeninvestments.com/en-au/institutional/insights-and-research/a-new-dawn-for-european-defence-spending

  • Everts, Steven. (2025, 12 mars). Europe in danger: Navigating a future without Trump’s America. EUISS. https://www.iss.europa.eu/publications/commentary/europe-danger-navigating-future-without-trumps-america

  • Cole, Brendan. Cook, Ellie. (2025, 14 mai). Europe’s Cost of Decoupling From US War Machine Revealed. Newsweek. https://www.newsweek.com/europe-us-equipment-replacements-2069508

  • https://www.iiss.org/research-paper/2025/05/defending-europe-without–the-united-states-costs-and-consequences/

  • Barry, B. Barrie, D. Boyd, H. Childs, N. Michael, G. Hackett, J. McGerty, F. Schreer, B. Waldwyn, T. (2025, 15 mai). Defending Europe Without the United States: Costs and Consequences. IISS.