Cycles longs et planification capacitaire : comment adapter les outils de financement aux besoins de Défense ?

Si l’économie de guerre totale (1914-1945) révèle un premier modèle de financement, la mobilisation directe de l’épargne nationale via les obligations de guerre et la planification étatique dirigiste, l’institutionnalisation du financement de Défense (1945-1990) marque une évolution cruciale avec l’émergence du complexe militaro-industriel moderne. Le National Security Act de 1947 aux États-Unis institutionnalise un financement public permanent, créant les bases d’une économie de Défense en temps de paix. Naissant en 1965, le Planning, Programming and Budgeting System (PPBS) américain et les premières lois de programmation militaire françaises crée la visibilité nécessaire aux investissements lourds. 

La fin de la guerre froide, quant à elle, entraîne une tentative de « normalisation » financière du secteur Défense. Les « Dividendes de la Paix » et la rétraction budgétaire forcent l’introduction des partenariats public-privé (PPP) et des mécanismes de marché. Apparaissant dans les années 90, le Private Finance Initiative (PFI) britannique permet de financer des équipements militaires en transférant les coûts vers le secteur privé. Cette période voit l’entrée de fonds comme Carlyle dans l’acquisition de sociétés de Défense, marquant l’industrialisation financière du secteur. Cependant, les recherches récentes soulignent les tensions entre cycles courts du private equity et besoins industriels longs (Mahoney et al. 2022). L’exemple de la faillite de plusieurs sous-traitants Défense sous LBO (Intelsat, 14/05/2020 & Aerocision Motor 31/07/2023) révèle les limites de cette approche. Il apparait que l’industrie de Défense fait face à une contradiction inhérente entre les logiques financières de marché, orientées vers une rentabilité à court terme, et les impératifs nationaux qui nécessitent une vision de très long terme. Cette tension, qui traverse l’histoire du financement de Défense depuis l’émergence des économies industrielles modernes, nécessite aujourd’hui un réalignement afin de soutenir les ambitions occidentales de réarmement

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La contradiction structurelle : logiques de marché versus cycles industriels à enjeux stratégiques

La problématique centrale réside dans l’inadéquation entre les cycles d’investissement du private equity (généralement 5-7 ans) et les cycles de développement Défense (15-30 ans pour les systèmes majeurs comme le F-35 : 26 ans). Les entreprises du secteur doivent à la fois supporter des investissements massifs de type CAPEX (R&D – acquisition de technologies) et OPEX (pour accompagner l’augmentation des cadences via, à la fois, le développement des ressources humaines et sa spécialisation croissante tout en assurant productivité, digitalisation et cybersécurité croissante). Les entreprises de Défense présentent une intensité R&D variable selon les segments : 2-5% du Chiffre d’Affaire pour les grands contractants traditionnels selon les déclarations SEC, mais potentiellement jusqu’à 8-12% en valeur réelle financée directement par les gouvernements et les investissements en immobilisations spécialisée. Cette contrainte impose de repenser radicalement les structures de financement. L’inadéquation temporelle se double d’une fracture financière structurelle dans la chaîne de valeur Défense. Alors que les maîtres d’œuvre (grands groupes) bénéficient de paiements progressifs gouvernementaux couvrant 80-90% des coûts avant livraison, les PME sous-traitantes – qui représentent 60% du travail de Défense selon le DoD Contract Finance Study (2023) – subissent des délais de paiement de 90 jours contre 30 jours pour les maîtres d’œuvres.

Cette disparité crée un écosystème à deux vitesses où les PME doivent financer leur trésorerie sur leurs fonds propres ou des crédits courts coûteux, générant des besoins en fonds de roulement supérieurs aux équivalents commerciaux. Le problème s’aggrave par les investissements spécifiques exigés (habilitations sécurité, systèmes de conformité, R&D sans garantie de retour) qui créent des barrières financières substantielles pour l’accès des PME aux marchés Défense. S’agissant des investissements private equity, les LBO traditionnels, structurés pour des cycles de 5-7 ans, avec des attentes de taux de rentabilité interne élevées (typiquement un TRI de 20 à 25% et des multiples sur investissement de 3x la mise), s’avèrent inadaptés aux cycles longs de la Défense. De même, les IPO imposent des contraintes spécifiques aux entreprises (reporting trimestriel, dividendes réguliers, valorisation et performance boursière) peu compatibles avec les besoins de la Défense. Les entreprises doivent alors arbitrer entre, à la fois satisfaire les attentes de rendement des investisseurs financiers et rembourser la dette, tout en réinvestissant massivement pour maintenir l’avance technologique, l’augmentation de cadences et la constitution de provisions pour risques.

Contrairement aux marchés financiers qui réduisent leurs investissements en période d’incertitude, les États doivent maintenir, voire augmenter, leurs investissements Défense précisément quand les tensions géopolitiques s’accroissent. Cette logique contracyclique s’oppose fondamentalement aux mécanismes de marché. En effet, la logique stratégique impose de maintenir des capacités industrielles même non rentables à court terme, en prévision de besoins futurs incertains. Cette approche d’option réelle s’oppose à l’optimisation économique pure qui conduirait à éliminer toute capacité non immédiatement profitable. L’exemple de la crise Ukraine révèle cette spécificité : tandis que les marchés financiers se contractent face à l’incertitude, les budgets Défense européens augmentent massivement, nécessitant des mécanismes de financement capables de répondre rapidement aux besoins d’urgence stratégique. Cette crise montre aussi l’inadéquation entre la logique financière et la réalité, puisque, malgré des systèmes de Défense performants (ex: canon Caesar), la production d’obus n’est pas capable de soutenir le rythme d’un conflit de haute intensité.

En outre, le financement bancaire traditionnel, basé sur des garanties tangibles et des cash-flows prévisibles, s’avère insuffisant pour financer les risques technologiques élevés et les investissements sans garantie de succès commercial. Parallèlement, des études de la RAND Corporation démontrent des économies potentielles de 525 millions à plus de 3 milliards de dollars dans la production de munitions américaines grâce à la privatisation. De même, celle de la Défense britannique dans les années 1980-1990 a transformé les opérations « cost-plus » en « cost-conscious », améliorant la responsabilité et les performances à l’export. De plus, certaines innovations de marché démontrent leur efficacité. SpaceX illustre des gains d’efficacité spectaculaires avec 97% de réduction des coûts par rapport aux contractants traditionnels et 10x d’amélioration des coûts de développement par rapport aux estimations NASA.

L’analyse statistique montre que les projets SpaceX affichent 1,1% de dépassements de coûts versus 90% pour les missions NASA traditionnelles. Ce dernier constat est néanmoins à nuancer, SpaceX ayant bénéficié d’un transfert de technologies et compétences de la NASA ce qui lui a permis de réduire notamment ses coûts de R&D. Enfin, le Venture Capital (VC) en Défense connaît une croissance nettement supérieure sur la décennie passée, produisant des entreprises innovantes comme Palantir et Anduril qui développent avec succès des technologies dual-use adoptées par le Pentagone. Cette dichotomie révèle que ni l’approche purement publique ni l’approche purement privée ne répond aux spécificités du secteur. Les échecs des LBO traditionnels démontrent l’inadéquation des structures financières classiques, tandis que les succès de privatisation ciblée prouvent l’efficacité potentielle des mécanismes concurrentiels quand ils sont correctement adaptés. Si la logique purement financière a parfois conduit à une fragmentation excessive de la base industrielle Défense, des approches ciblées comme celle de fonds Evergreen démontrent qu’une vision long terme peut générer des rendements attractifs tout en respectant les cycles industriels.

L’émergence de ces fonds spécialisés marque une évolution vers des instruments hybrides qui combinent patience du capital public et efficacité de gestion privée, préfigurant les solutions d’avenir.

Planification publique et coordination institutionnelle : le réel référentiel

L’approche française se distingue par sa capacité à articuler objectifs stratégiques et moyens financiers sur le long terme via la Loi de Programmation Militaire. De plus, l’engagement OTAN des 2% du PIB consacré à la Défense (tendant à être réévalué à 5% ; de 3,5% pour la Défense et 1,5% pour la sécurité) crée un cadre de référence international qui sécurise les perspectives de marché. Cette coordination supranationale permet aux industriels européens de dimensionner leurs capacités industrielles sur une base géographique élargie, justifiant des investissements qui seraient impossibles sur des marchés nationaux isolés.

Par ailleurs, l’European Defence Fond (EDF) mobilise 8 milliards d’euros pour 2021-2027 (Commission Européenne, 2024), créant un cadre de financement pluriannuel qui complète les programmations nationales. Cette approche européenne permet de mutualiser les risques et d’atteindre des échelles critiques nécessaires à la rentabilisation des investissements R&D. La Loi de Programmation Militaire 2024-2030 mobilisant 413,3 milliards d’euros sur sept ans (ministère des Armées, 2023), offre la visibilité indispensable à la planification industrielle. Cette programmation permet aux industriels d’amortir leurs investissements R&D sur des cycles prévisibles, créant un environnement de financement stable.

Cette approche se distingue par sa capacité à articuler objectifs stratégiques et moyens financiers sur le long terme, créant un cadre de référence temporelle adapté aux cycles industriels. 

Les acteurs institutionnels deviennent alors catalyseurs où l’État devient un investisseur patient via notamment la DGA et la BPI : La DGA gère 11 milliards d’euros annuellement à travers 100 programmes, tandis que Bpifrance fournit plus de 1,2 milliard d’euros annuels au secteur (Bpifrance, 2024). Cette coordination institutionnelle crée un écosystème de financement public qui accepte des rendements modérés en échange de la sécurisation des capacités stratégiques. Le Fonds Bpifrance Défense (450 millions d’euros accessible dès 500€ selon Reuters, 2025) révolutionne l’approche en mobilisant l’épargne populaire avec des rendements projetés de 7-10%, démontrant qu’un financement patient peut être attractif pour les épargnants orientés vers la souveraineté. De plus, L’Agence de l’Innovation de Défense (AID), avec un budget de 1 milliard d’euros en 2022, illustre cette approche en finançant des technologies émergentes alors que l’innovation de Défense, par nature risquée et à horizons longs, nécessite un financement qui repousserait les acteurs traditionnels. Néanmoins, comme le montre l’actualité récente, malgré ce volontarisme, lorsque survient une instabilité politique, les fonds étatiques se bloquent et ne parviennent plus à maintenir la continuité requise pour assurer engagements et visibilité aux industriels. Ce n’est seulement qu’une fois la stabilité politique restaurée que le secteur industriel peut libérer ses capacités de production comme.

Récemment, en juin 2025, la DGA lance le « Club des investisseurs de la Défense » (DGA, 2025), créant un cadre inédit de coordination entre acteurs publics et privés. Cette initiative vise à « structurer l’écosystème de financement pour répondre aux besoins croissants de l’industrie de Défense française » et faciliter les échanges entre investisseurs institutionnels, fonds spécialisés, et entreprises du secteur. 

Ces approches programmatiques permettent ainsi l’émergence d’un financement reprenant les codes financiers traditionnels mais adaptés au temps long. L’initiative DGA de création d’un Club des investisseurs Défense constitue une innovation institutionnelle majeure, créant un cadre de coordination entre acteurs publics et privés. 

Vers un écosystème financier hybride : instruments et coordination

L’intégration des programmations nationales (LPM), européennes (EDF) et privées (fonds spécialisés) crée un écosystème cohérent où chaque source de financement trouve sa place optimale selon les phases de développement et les niveaux de risque. Cette articulation permet de créer un continuum de financement depuis l’amorçage technologique (fonds publics – Business Angels) jusqu’à l’industrialisation à grande échelle (capitaux privés), en passant par le développement (cofinancement public-privé). La logique de cette segmentation découle directement de l’analyse des défaillances sectorielles. Là ou, dans la phase d’amont on observe une défaillance de marché totale, elle nécessite un financement public aux côtés de BA ou VC. La phase de développement consacre, ensuite, des risques partagés avec un cofinancement optimal. Enfin, la phase d’industrialisation permet une visibilité commerciale suffisante avec donc un financement privé assorti de garanties publiques ciblées.

Cette approche différenciée permet d’adapter les instruments aux besoins spécifiques de chaque étape, maximisant l’efficacité de chaque euro investi. De plus, mêler directement des fonds publics à la phase d’amont permet de développer des technologies disruptives sans être uniquement guidé par la logique de « marché ». Alors que face à l’inadéquation des cycles traditionnels du private equity, le développement de fonds sans échéance fixe permet de maintenir des participations sur plusieurs cycles industriels. L’exemple Tikehau Capital illustre cette évolution : 1,5 milliard d’euros sous gestion dédiés à l’aéronautique & Défense avec 700 millions investis depuis 2020, s’appuyant sur un écosystème de 30 professionnels spécialisés et des partenariats stratégiques avec les grands groupes (Airbus, Safran, Dassault Aviation, Thales).

Démonstration faite qu’une vision long terme, combinant expertise sectorielle et patience financière, peut générer des rendements attractifs : les entreprises cotées et partenaires du fonds précité affichent des performances exceptionnelles (Rheinmetall : objectif de doubler le CA à 20 milliards d’ici 2027, Dassault Aviation : +30% de CA 2023-2024). Cependant, l’enjeu critique concerne l’articulation maître d’œuvre/sous-traitants dans cette segmentation. Alors que les grands groupes accèdent naturellement aux financements, les PME sous-traitantes restent souvent bloquées faute de visibilité contractuelle suffisante. La solution émerge alors via les programmes de garanties publiques ciblées et les mécanismes de co-investissement État/maître d’œuvres/PME qui alignent les intérêts sur les objectifs long terme. Ici, les garanties publiques via l’approche programmatique permettent d’attirer les capitaux privés vers des secteurs qu’ils éviteraient autrement, créant un effet de levier budgétaire où l’euro public mobilise plusieurs euros privés. De ce fait, l’optimisation des systèmes de paiements progressifs gouvernementaux crée aussi un effet de levier naturel permettant aux contractants de maintenir des ratios dette/fonds cohérents. Cette spécificité sectorielle transforme le financement gouvernemental en multiplicateur de capacité d’investissement privé.

Nouvellement mis en place, le reverse factoring par les maîtres d’œuvre émerge comme solution structurante pour les PME. Lockheed Martin, Boeing et Airbus développent des programmes permettant aux sous-traitants d’accéder au financement au rating investment grade du maître d’œuvre plutôt qu’à leur propre notation. Boeing traite ainsi 15 000+ fournisseurs mondialement avec paiement sous 1-2 jours contre 30+ jours en standard. Parallèlement, malgré 2,1 milliards d’euros de financement participatif en 2023 en France (Mazars, 2024), le secteur Défense reste largement exclu. Le développement de plateformes spécialisées pourrait mobiliser plusieurs milliards d’épargne française supplémentaires en s’appuyant sur l’acceptation citoyenne d’un financement orienté souveraineté. En outre, la création de livrets Défense ou l’orientation des PER vers des fonds Défense spécialisés permettrait de canaliser des dizaines de milliards d’euros d’épargne réglementée vers l’autonomie stratégique, créant un financement patient par nature.

Mais l’acceptabilité sociale de cette approche soulève cependant des enjeux complexes. Des enquêtes d’opinion révèlent qu’une majorité de Français accepteraient des placements Défense avec rendements modérés, mais seulement si la transparence sur l’utilisation des fonds est garantie. Les préoccupations éthiques portent alors sur la traçabilité des investissements, l’encadrement réglementaire mais aussi la communication pédagogique. L’enjeu serait de mobiliser l’épargne populaire sans tomber dans l’instrumentalisation politique ou la désinformation sur les rendements potentiels.

Vers une économie de Défense pragmatique

L’objectif de « souveraineté financière » impose d’accepter une certaine « inefficacité » économique au profit de la sécurité d’approvisionnement en capitaux. Cette logique stratégique justifie le maintien de capacités de financement nationales même si elles s’avèrent plus coûteuses que les alternatives internationales. Ainsi, l’économie de Défense nécessite l’acceptation de rendements modérés (7-10% selon l’exemple Bpifrance Défense) mais stables et sécurisés, s’opposant à la recherche de performance maximale des marchés financiers. Cette acceptation sociale et politique d’une moindre rentabilité en échange de la sécurité stratégique constitue un prérequis à la stabilité du financement long terme.

D’une part, Les investisseurs institutionnels (fonds de pension, assurances, fonds bancaires propres comme par exemple CM Equity, fonds d’investissement adossé au groupe bancaire Crédit Mutuel-CIC) avec leurs horizons naturellement longs constituent les capitaux idéaux pour ce modèle, leur recherche de rendements stables s’accordant parfaitement avec les profils de revenus des contractants de Défense. L’alignement de ces intérêts différents nécessite cependant des mécanismes incitatifs sophistiqués.

D’autre part, l’analyse des fonds infrastructure montre que l’acceptation de rendements modérés par les investisseurs institutionnels requiert des garanties de prévisibilité exceptionnelles : contrats long terme, clauses d’indexation, et mécanismes de partage de la valeur ajoutée. L’objectif de ces fonds est de mutualiser les ressources financières des investisseurs, les dirigeants vers des actifs concrets ayant un impact direct sur la vie quotidienne, tels que des infrastructures cruciales pour la communauté ; ici la communauté Défense. L’adaptation de ces modèles au secteur Défense implique l’innovation de structures contractuelles spécifiques qui consacreraient des financements à forte valeur ajoutée comme les bases navales et leurs bâtiments ou encore les emprises militaires de manière générale. Ces mêmes infrastructures pourront alors générer un dynamisme économique local accru via la création directe d’emplois, des commandes publiques et des retombées en développement (J. Belin & J. Malizard, Impact économique de la Défense, IHEDN).

L’enjeu central réside dans la structuration d’un écosystème qui traite différemment les segments selon leur maturité et leur criticité stratégique. Pour les grands programmes (chars, frégates, avions de combat) : maintien de la logique de planification publique avec financement patient hybride, où l’État sécurise la visibilité long terme permettant aux investisseurs privés d’accepter des rendements modérés mais prévisibles. 

Pour la base de sous-traitance PME : déploiement systématique des solutions de « supply chain finance », « reverse factoring » et garanties publiques qui équilibrent l’asymétrie de pouvoir financier entre maître d’œuvres et sous-traitants.

Pour l’innovation technologique : coordination entre capital-risque spécialisé en forte croissance et programmes gouvernementaux, créant des ponts entre recherche publique et commercialisation privée.

L’avenir du financement de Défense réside dans cette hybridation intelligente qui accepte une certaine spécificité de l’économie de Défense au service des objectifs stratégiques. Cette approche nécessite tout d’abord une coordination institutionnelle renforcée, couplée à des instruments financiers adaptés, tout en garantissant l’équité de financement de la chaîne de valeur pour éviter que les PME supportent seules les contraintes de trésorerie. Cela ne peut se faire qu’avec l’acception sociale de rendements modérés en échange de sécurité stratégique et via une segmentation par phase de développement et niveau de risque associé. L’exemple français, avec l’articulation DGA/Bpifrance/fonds privés spécialisés et l’innovation du Club des investisseurs Défense, préfigure un modèle d’économie hybride adapté aux impératifs de souveraineté du XXIe siècle, combinant les avantages de la planification stratégique et de l’efficacité concurrentielle tout en préservant la viabilité financière de l’ensemble de l’écosystème industriel.

Albert Tadros Morgane, Analyste au sein de la Commission spéciale dédiée au Financement de l’industrie de Défense de l’INAS

L’INAS a pour mission de contribuer au débat public sur les questions stratégiques. Ses publications reflètent uniquement les opinions de leurs auteurs et ne constituent en aucune manière une position officielle de l’organisme.

Pour aller plus loin :

  • Bpifrance (2024). Bpifrance renforce son soutien aux entreprises stratégiques françaises du secteur de la défense.
  • Communiqué de presse. https://presse.bpifrance.fr/bpifrance-renforce-son-soutien-aux-entreprises-strategiques-francaises-du-secteur-de-la-defense
  • Commission Européenne (2024). European Defence Fund (EDF) – Official Webpage. https://defence-industry-space.ec.europa.eu/eu-defence-industry/european-defence-fund-edf-official-webpage-european-commission_en
  • ECODEF 197 Octobre 2021 : https://archives.defense.gouv.fr/content/download/628188/10427946/Ecodef%20197.pdf
  • Impact économique de la défense – Chaire Économie de défense – IHEDN https://ecodef-ihedn.fr/impact-economique-de-la-defense/
  • DGA (2025). Le DGA lance le « Club des investisseurs de la défense ». Ministère des Armées. https://www.defense.gouv.fr/dga/actualites/dga-lance-club-investisseurs-defense
  • Ministère des Armées (2023). Loi de Programmation Militaire 2024-2030. République française.
  • U.S. Department of Defense (2023). Contract Finance Study. Federal Register, juillet 2023. https://www.federalregister.gov/documents/2023/07/14/2023-14959/department-of-defense-contract-finance-study-follow-up-activity
  • RAND Corporation (2003). Rethinking Governance of the Army’s Arsenals and Ammunition Plants. https://www.rand.org/pubs/monograph_reports/MR1651.html
  • NASA Technical Reports Server (2020). The Recent Large Reduction in Space Launch Cost. https://ntrs.nasa.gov/citations/20200001093
  • Dassault Aviation (2025). 2024 Annual Results Financial Release. Yahoo Finance. https://finance.yahoo.com/news/dassault-aviation-2023-annual-results-072500094.html
  • Forvis Mazars (2024). Baromètre 2024 du crowdfunding en France. https://www.forvismazars.com/fr/fr/insights/publications-et-evenements/etudes/etude-barometre-2024-du-crowdfunding-en-france
  • Reuters (2024). Rheinmetall aims for 20 bln euros in sales in 2027. https://www.reuters.com/business/aerospace-defense/rheinmetall-aims-20-bln-euros-sales-2027-2024-11-19/
  • Reuters (2025). Bpifrance Defense Fund announcement.
  • Commission Européenne (2024). Study results: Access to equity financing for European defence SMEs. https://defence-industry-space.ec.europa.eu/study-results-access-equity-financing-european-defence-smes-2024-01-11_en
  • Federal News Network (2023). DoD study finds big vendors flush with cash, but concerns in the supply chain. https://federalnewsnetwork.com/defense-news/2023/04/dod-study-finds-big-vendors-flush-with-cash-but-concerns-in-the-supply-chain/
  • Gov.UK (2024). DTEP SMEs make their mark in the UK defence supply chain – Case study. https://www.gov.uk/government/case-studies/dtep-smes-make-their-mark-in-the-uk-defence-supply-chain
  • Boeing/Citibank (2024). Citi® Supplier Finance | Boeing. https://www.citibank.com/tts/sa/supplier-finance/boeing/index.jsp
  • Deutsche Bank (2025). EIB triples financing for banks to provide liquidity to SMEs in the supply chain of Europe’s defence industry. https://www.db.com/news/detail/20250611-eib-triples-financing-for-banks-to-provide-liquidity-to-smes-in-the-supply-chain-of-europe-s-defence-industry-signs-first-deal-with-deutsche-bank
  • European Investment Bank (2024). EIB Board of Directors steps up support for Europe’s security and defence industry. https://www.eib.org/en/press/all/2024-174-eib-board-of-directors-steps-up-support-for-europe-s-security-and-defence-industry
  • J.P. Morgan (2024). Defense Tech Innovation and the Role of Startups. https://www.jpmorgan.com/insights/business-planning/defense-tech-innovation-and-the-role-of-startups
  • Outlander VC (2024). Top VC funds investing in dual-use & defense technology. https://outlander.vc/fieldguide/top-vc-funds-investing-in-dual-use-defense-technology/
  • Zone Défense – Opex 360 (2025) . Le sénat s’interroge sur l’absence de commandes tu ministères des Armées auprès de l’industrie de la Défense https://www.opex360.com/2025/06/03/le-senat-sinterroge-sur-labsence-de-commandes-du-ministere-des-armees-aupres-de-lindustrie-de-la-defense/
  • La tribune (2025). Emmanuel Chiva « je décaisse entre 50 et 70 millions par jour ».
    https://latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/emmanuel-chiva-dga-je-decaisse-entre-50-et-70-millions-par-jour-1027322.html